Aurait-on pu résoudre le conflit des justices entre Antigone et Créon ?

Dans la tragédie d'Antigone, le conflit entre la loi humaine, représentée par Créon, et la loi divine  représentée par Antigone, paraît insoluble. Les deux lois s'affrontent dans un rapport qui ne peut être que de destruction mutuelle : l'une comme l'autre "va au gouffre", comme l'écrit Hegel, et elles y vont l'une par l'autre. C'est la dimension tragique et partant inévitable de la situation : l'une fait délibérément de l'autre le moyen de sa propre destruction en s'opposant à lui. 

Dès lors, deux questions se posent.

Questions :

A. Cette issue est-elle vraiment inévitable ?

1. Pourrait-on imaginer d'autres issues possibles à ce conflit ? Établissez une liste d'hypothèses.

2. Trouve-t-on la trace de tentatives de ce genre dans l'intrigue de la pièce de Sophocle ? Quelle est leur issue ? Pourquoi, à votre avis ?

3. Choisissez l'une des hypothèses figurant dans votre liste et imaginez, sous la forme d'un texte narratif de deux pages, comment cette tentative de résolution du conflit entre Antigone et Créon pourrait se dérouler, ainsi que les péripéties conduisant tout de même, au bout du compte, à la mort tragique des deux personnages.

4. Pourquoi de telles tentatives sont-elles, selon vous, nécessairement inopérantes et conduisent-elles inévitablement à la destruction mutuelle des deux parties ?

B. Si l'issue tragique est inévitable, peut-on éviter que le conflit ne se produise, et si oui comment ?

1. Quel sens est donné au mot "loi" dans les idées de "loi humaine" et de "loi divine" ?

a) Ce sens est-il d'ordre juridique, c'est-à-dire de l'ordre du droit ?

b) Explorez la réponse positive et la réponse négative à cette question, en précisant à chaque fois le sens donné au mot "droit".

2. Dans un État de droit tel que la République française, un tel conflit pourrait-il avoir lieu ?

a) Qu'appelle-t-on un État de droit ? En quoi la République française en est-elle un ?

b) Une famille est-elle seulement une réalité naturelle, fondée sur la procréation ?

• Qu'est-ce qui définit les relations de filiation dans un État de droit ? Quelles en sont les formes juridiques ?
• Peut-il y avoir, dans une famille, des rapports de filiation non fondés sur la procréation ? Prenez un exemple et analysez-le.
• La "loi du sang" a-t-elle par conséquent une place dans un État de droit ?

c) La "loi des hommes", telle que Créon la fait valoir, reconnaît-elle des droits aux individus ?

• Essayez de définir ce qu'est une communauté : choisissez plusieurs exemples de communauté et analysez-les de façon à mettre en évidence leurs points communs.
  
• Qu'est-ce qu'un ostrakon ? Pour répondre, reportez-vous à la perle suivante.
  
• Faites une recherche terminologique et étymologique sur les termes : déchoir, déchu, déchéance, déchet.
  
• Qu'est-ce que l'ostracisme, dans les cultures politiques des Cités grecques de l'antiquité ? Visionnez la vidéo qui se trouve dans la suite de la collection avant de répondre.
  
• Que vise à faire la punition infligée par Créon à Polynice - le refus d'une sépulture pour lui sur le sol de Thèbes - par rapport à la communauté que représente le peuple thébain ? En prenant en compte l'étymologie du mot "ostracisme", comment sa dépouille mortelle est-elle traitée ?
  
• Dans un État de droit, la punition d'un délinquant vise-t-elle à l'exclure de la société, ou bien à l'y réintégrer, alors qu'il s'en est exclu lui-même par son délit ? Cela inclut-il ceux qui menaceraient la sûreté de l'État et voudraient renverser la République en faisant un coup d'État ? Justifiez votre réponse.
  
• En refusant la sépulture à Polynice, la Cité thébaine, dont Créon est le gouvernant, se comporte-t-elle comme une communauté, ou comme un État de droit ?
  

d) En quoi une société politique qui se définirait exclusivement comme une communauté ou un assemblage de communautés rencontrerait-elle exactement les mêmes contradictions et les mêmes problèmes que ceux qui se trouvent présentés dans la tragédie d'Antigone ?